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Paradis [avant liquidation]

Julien Blanc-Gras

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par Jean-Christophe Courte

Dans un quasi éternel tour du monde, cet écrivain nous narre avec humour (…c'est souvent le seule chose que reste aux causes les plus désespérées…) ce qu'il est allé vérifier de ses propres yeux.

Son périple le conduit aux Kiribati. Cela ne vous dit rien ? Et si je vous dit Gilbert, comme le prénom ? Pas mieux…?

Bref, si vous ne savez pas se situent ces îles, ne vous inquiétez-pas, elles sont en cours d'engloutissement, ce qui vous évitera d'avoir à répondre à la question.

Un cas singulier, à contre-courant d'une époque où chaque secousse géo-politique peut accoucher d'un nouvel État. Il n'y a jamais eu autant de nations sur terre. Celle-là semble vouée à l'effacement. Non par scission ou absorption. On lui promet l'engloutissement. J'ai organisé ma vie autour d'une ambition saugrenue, le quadrillage méthodique de la planète. Moteur : toujours voir un pays en plus. Ce qui se profile ici, c'est un pays en moins. Je dois m'y rendre avant qu'il ne soit rayé physiquement de la carte. Sur le planisphère, le pauvre est à peine visible à l'oeil nu. Sa surface terrestre ne couvre même pas celle d'un département français, mais on pourrait faire rentrer l'Inde dans son espace maritime. À la fois un des plus petits et un des plus grands pays. Je ne peux pas résister à cette aberration géographique. Ajoutons que l'équateur et la ligne de changement de date se croisent aux Kiribati. On est donc en droit de considérer qu'il s'agit du centre du monde.

C'est le type de bouquin à faire lire à tous les climato-sceptiques qui essayent de nous prouver avec une tartufferie épatante que tout va bien Madame la Marquise. Ou à tous ceux (nombreux…) qui ne comprennent même plus qu'il aurait été astucieux de modifier d'un iota nos comportements…

Là, sans pathos (…comme dans le film il était une forêt), juste ce qu'il voit lors de ses périples sur une planète en décomposition, pas besoin d'avoir fait de très longues études pour comprendre que l'on y va. Des gens sans emploi sur un bout de terre cramée par le soleil qui ne cesse d'être grignotée par la montée des eaux. Ici, pas de miracle malgré les prêchi-prêcha des missionnaires, les politiques locaux médiatiques, les ingénieurs expédiés pour pondre des rapports. L'attente de l'irrémédiable se termine généralement dans les églises ou les bars à kava… Bien sûr, pour simplifier le tout, la population explose dans des conditions sanitaires de plus en plus dégradées… je ne vous en dit pas plus, prenez le temps de lire ce chouette reportage au rythme de son écriture désabusée et souvent hillarante…

Le seul hic, c'est que c'est notre planète et que ses habitants (nous…!) ont trop souvent le chic pour choisir les réponses les plus stupides.

Beaucoup d'humanité, de rencontres, d'échanges lors de ce long séjour, histoire de prendre la température (…dans tous les sens du terme) de ce but du monde et l'état d'esprit de ces futurs Réfugiés climatiques si cette qualité leur est un jour accordée. Mais pour aller où ? Et faire quoi ?

J'ai particulièrement aimé la transition Fip, ce passage en Californie avant de rentrer en France en fin d'ouvrage. Oui, aux Kiribati, il n'y a peut être pas grand chose mais certainement pas ces nuées de gens jetés dehors dans un pays comme les USA pour cause de surprimes, un pays qui est à l'opposé sur l'échelle de la richesse.

Droit dans le mur.

NB : après avoir fini ce livre aux petites heures, j'allume la radio pour écouter les infos. Comme un énorme déphasage en entendant les sempiternelles revendications, frondes, combats, prises de position, etc. Pendant ce temps là…

Paradis [avant liquidation]
Julien Blanc-Gras
Au diable vauvert
9782846265003 | 17 € Relié
image caddie

@urbanbike

Sinon, disponible en ePub sur votre iPad à moins de 5 euros.

le 05/12/2013 à 06:00 | .(JavaScript must be enabled to view this email address) à Jean-Christophe Courte | #