Brompton en mode cyclotourisme | 1
Modifications pour un voyage en montagne.
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par Vincent Burgeon
Comme beaucoup d'autres, j'ai donc transbahuté des objets qui n'auraient pas tenu dans le coffre d'une voiture, réalisé d'honorables pointes de vitesse et, surtout, fait du cyclotourisme avec mon Brom… Dernièrement, j'ai même eu le plaisir de faire un chouette (et trop court) voyage en montagne, que je me propose d'évoquer ici (après tout, c'est l'été – quel meilleur moment pour parler vacances ?)
Mais d'abord, en guise de première partie, voici un détail des quelques modifications techniques et ajouts divers qui ont permis de transformer une petite bicyclette de ville en machine à voyager…
Selle Brooks
La Rolls de la selle.
Si l'on aime le vélo en mode balade, on ne peut pas imaginer se passer d'une Brooks. Toute la partie en cuir est suspendue entre le bec (la pointe) et le cintre métallique arrière : si la selle est bien choisie et bien réglée, le cycliste n'entre en contact qu'avec du cuir tendu : aucun frottement avec une pièce dure genre métal ou plastique n'est à redouter.
Prenons a contrario une selle moyen de gamme : un peu de métal, de la mousse, du plastique par-dessus tout ça. Au bout de quelques heures de promenade, la mousse s'est complètement aplatie sous votre poids et l'armature de la selle dialogue avec votre fondement, d'où gênes, échauffements et douleurs. Rien de tout celà avec une bonne selle en cuir.
Et si après quelques années, le cuir s'est distendu, sous le bec de chaque Brooks se cache un boulon qui permet de redonner de la tension à l'ensemble.
Il existe différents modèles, adaptés à tout les types d'usage ; du sportif en lycra au promeneur en tweed, sans oublier le coursier en Schoeller. Des modèles larges ont également été conçus pour mieux convenir aux bassins féminins.
Avantages : grand confort, grande longévité, élégante.
Inconvénients : surface fragile sensible aux griffes (mais celles-ci finissent par se patiner et disparaître), demande de l'entretien, supporte moyennement de rester à l'extérieur (humidité), chère.
Anecdote : je suis passé récemment chez RandoCycles, LE spécialiste parisien du vélo de randonnée. Dans sa boutique, la plupart des vélos (neufs ou en réparation) sont équipés de Brooks…

Pédalier Mountain-Drive de Schlumpf Innovations
Un point important, si on veut affronter de forts dénivelés, c'est de disposer de petits développements. Pour rappel, le développement est la distance parcourue par un vélo en un tour de pédalier, pour un braquet donné. À ne pas confondre avec le braquet, qui est le rapport du nombre de dents du plateau engagé avec le nombre de dents du pignon engagé. Mais on ne va pas rentrer dans les détails mécaniques ici…
Bref : un Brompton 6 vitesses a ± les développements suivants :
3,2 m / 3,7 m / 4,4 m / 5,07 m / 5,98 m / 6,9 m.
C'est largement suffisant pour un usage modéré : avec ça on peut sans sourciller attaquer des côtes de 5 ou 6 % et atteindre les 35 - 40 km/h sur du plat. Par-contre, pour des montées un peu plus sérieuses, genre les cols du Tour, il faut envisager de passer largement sous la barre des 2 mètres de développement, surtout si l'on compte emmener quelques bagages. Le but est évidemment de pouvoir mouliner plus…
Mais le problème, avec le Brompton, c'est que le changement de vitesses est déjà à la base un peu alambiqué : c'est une combinaison de moyeu arrière à 3 vitesses façon vélo hollandais et de 2 pignons. Les changements se font via 2 manettes sur le cintre. Il fallait donc veiller à ne pas compliquer encore plus ce système.
Bref, considérant toutes les possibilités, la solution la plus simple fut de faire installer un Mountain-Drive par les Vélos Parisiens.
C'est un pédalier assez particulier intégrant un système d'engrenages planétaires qui permet, une fois enclenché via un bouton situé sur l'axe des manivelles, de diviser par 2,5 les développements existants : pas de commande supplémentaire au guidon, donc.

On obtient alors les développements suivants (avec plateau de 50 dents) :
MD enclenché :
1,28 m / 1,48 m / 1,76 m / 2,03 m / 2,4 m / 2,76 m
MD non enclenché :
3,2 m / 3,7 m / 4,4 m / 5,07 m / 5,98 m / 6,9 m
On dispose donc de 6 développements très courts qui viennent compléter par le bas les 6 vitesses initiales : celà donne un Brompton 12 vitesses avec un étagement progressif, utilisable en ville sur les 6 vitesses supérieures, et en montagne sur les 6 vitesses inférieures. Une solution élégante qui ne perturbe pas l'usage quotidien puisque le Mountain Drive ne sera enclenché qu'en cas de méchante côte.
Bien entendu, il est possible lors de l'installation du Mountain-Drive d'opter pour un plateau plus ou moins grand, afin de décaler vers le haut ou vers le bas tous ces développements.
Points forts : construction très robuste, entretien minimum.
Points faibles : relativement cher, difficile à poser (outils spéciaux), légère perte de rendement due aux engrenages, petit surpoids par rapport à un pédalier normal.
Poignées
Pour pouvoir rouler de longues heures sans trop fatiguer les bras et les épaules, il faut protéger les mains des secousses de la route.
Pas de chance, les poignées Brompton de bases sont assez dures, et le Brom ne dispose pas de suspension avant. Des gants de cycliste permettront déjà d'améliorer la situation et protégeront les mains en cas de chute (ils feront également un chouette bronzage localisé), mais l'installation de poignées "rembourrées" est un vrai plus qui aidera à amortir les cahots et diminuer la pression sur les articulations et les nerfs de la paume ; évitant ainsi d'avoir au bout de quelques jours des picotements et douleurs dans les bras et poignets. Le modèle que j'ai installé, trouvé en occasion chez AlloVélo, est fabriqué par BBB et porte le doux nom de BHG-24 Ergogrip, mais on en trouve de tous types.
Avantages : investissement peu onéreux, en regard du gain en confort.
Inconvénients : un peu laborieux à installer ; et le caoutchouc procure une sensation désagréable avec des gants en tissu (le gant accroche et la poignée semble "coller") – pas top pour l'hiver, à moins d'opter pour des gants en cuir ou en synthétique…

Le tableau de bord
Dernier paragraphe consacré à deux petits gadgets qui viendront garnir le cintre.
Le compteur est bien entendu indispensable. Il servira au cyclotouriste à connaître sa progression au fil de la route, son kilométrage journalier et sa vitesse moyenne. Ceux-ci, ainsi que les heures de départ, arrêts et arrivée seront reportés dans un carnet de route afin de calculer les distances parcourues et aider à la planification des étapes ultérieures.
J'ai choisi, il y a quelques années déjà, un Topeak Panoram V12, pour son écran large, son gros bouton qui permet de passer rapidemment d'un écran à l'autre et son design sobre et allongé qui ne dépasse pas du cintre, quand le vélo est plié.
À noter : les compteurs sans fil ne fonctionnent pas toujours très bien sur les Brompton : en effet, comme les roues sont plus petites que sur un vélo conventionnel, la distance entre l'émetteur (sur la fourche) et le récepteur (sur le cintre) est plus grande. Résultat, avec certains modèles de compteurs, le signal ne passe tout simplement pas (expérience vécue). Bref, préférer les compteurs filaires, quand c'est possible.
L'inclinomètre, sous ses aspects de jouet intégral, est en fait assez pratique. Après quelques jours de vélo en montagne, où l'on n'a parfois que des rochers et des prairies pour tout environnement, la sensation d'horizontalité tend à s'estomper. Pour l'avoir vécue et partagée avec d'autres cyclotouristes, je dois dire que cette sensation est assez saisissante: il devient impossible de déterminer si l'on est en train de monter une pente de 3 % ou si l'on est sur un plat. C'est là qu'un inclinomètre peut s'avèrer utile : il permet d'apprécier la raideur de côte, et d'éviter ainsi des erreurs de jugement (typiquement : penser qu'on est en train de tirer la langue sur un plat, alors qu'en réalité la route accuse plusieurs pourcents et qu'il est temps de faire une pause… ).
On trouve des compteurs pourvus d'une fonction inclinomètre, certainement très performants, mais également très chers… J'ai opté pour un modèle à bulle trouvé chez Rando-Boutique, à Paris, pour une poignée d'euros. Moins précis, certes, mais moins onéreux aussi, pour cet usage occasionnel.
Il va sans dire qu'il faut l'installer quand le vélo est déplié, sur une surface parfaitement horizontale, et le fixer fermement.

Bon, c'est bien beau, tous ces bricolages, mais pour quoi faire, finalement ?
Hè bien, la suite à venir dans quelques jours…
Info(s) pratique(s)…
Brompton en mode "on"
Brompton : trois accessoires utiles