Vieillir chez soi | 5
Brèves de parking
Relire ce billet pour comprendre…!
Bref, c'est une chouette opération, plus de surface dégagée pour circuler, le talus a été reculé pour réduire l'impression d'enfermement et sera aménagé à terme en jardin. Mais, surprise, il ne reste plus que deux places de parking réservées aux handicapés au lieu de la demi-douzaine disponible naguère…!
Tous les autres parkings de l'établissement sont situés à près de 100 mètres sur la partie haute d'un dénivelé de 5 mètres. Y aller à pied pour une personne âgée, c'est gravir l'Annapurna…!
Hier après-midi, je suis venu chercher mon père pour une balade en voiture. Deux heures à discuter sans trop élever la voix dans cet espace confiné et intime. Il faisait beau — toit ouvrant en action — je l'ai baladé du coté de Chevreuse, Dampierre. L'occasion d'échanger, de se retrouver.
Mais pour le récupérer, je me suis garé temporairement sur l'une de ces deux places handicapé, laissé la voiture ouverte pour aller le cueillir rapidement dans sa chambre au rez de chaussée…
J'avais pas eu le temps de faire deux pas que je me suis fait apostropher par une voix céleste…!
Je résume…
« Dites donc, vous n'êtes pas handicapé, vous devriez aller vous garer sur le parking au dessus, une contravention pour mauvais stationnement sur une place d'handicapé c'est 135 euros…! »
Je lève les yeux et je découvre un homme en blanc — sans ailes, je le précise et qui ne ressemblait en rien à Bruno Ganz — sur le balcon du deuxième étage.
Je lui explique en retour que je viens chercher mon père, 85 ans aux prunes et qu'il a du mal à marcher, que j'en ai pour deux minutes, le temps de le charger.
Mais cette personne poursuit sa litanie réglementaire sans prendre en compte mes légitimes explications.
Dans la vie, il faut savoir — parfois — rester calme et courtois. J'ai déplacé mon véhicule pour stationner plus loin en retrait mais toujours devant la porte de la résidence. Et sans contrevenir à l'occupation des deux places réservées.
En descendant de voiture, j'ai découvert deux petits panneaux interdiction de stationner juchés sur des plots. Là, je me suis pincé…!
Bref, le concepteur de ce superbe aménagement semble avoir tout simplement oublié le fait qu'il pouvait y avoir des pensionnaires encore capables de tenir sur leurs jambes mais sans la condition physique nécessaire pour gravir la longue pente menant aux parkings…!
Kafka pas mort…
Aussi je recommande aux concepteurs, aménageurs — et autres voix célestes — la lecture d'ouvrages orientés vers le handicap et les personnes âgées, à savoir L'accessibilité en pratique, Handicap et construction, Accessibilité des bâtiments aux personnes handicapées, Concevoir un bâtiment accessible aux personnes handicapées ou encore L’habitat des personnes âgées.
