Steve et moi | 2
Hommage de Vincent

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par Jean-Christophe Courte
Sans bouger de chez soi…!
Pendant que Vincent gravissait à coups de mollets énergiques (avec un “s” car il faut deux mollets pour pédaler…!) les cols des Alpes — voir ici et là, j’étais en train de bosser sur mes écrans.
Sauf que Vincent m’avait chargé d’une mission… téléphoner aux secours s’il n’était pas arrivé chaque soir après 20 heures au bout de l’étape prévue.
Je m’explique. Vincent avait préparé 7 itinéraires possibles et, en fonction des conditions météo, avait prévu de ne se décider que le matin même avant d’emprunter l’un ou l’autre.
Donc, chaque matin, Vincent devrait m’expédier un SMS avec le numéro de l’itinéraire prévu. Du coup, comme je savais qu’il partait avec son iPad 3G, je lui ai proposé de me laisser le suivre via Localiser, une application développée naguère par Apple avec son service MobileMe.
C’est assez simple, il suffit d’avoir l’adresse Mail embarquée dans l’iPad et son mot de passe.
Et hop, aucune difficulté à suivre le gaillard sur l’iPhone ou l’iPad en vue satellitaire (plus long)…
Ou sur une simple carte…
Bon, quand Vincent passait dans une zone nous couverte, seul sa dernière position était affichée…
Bon, parfois, c’est juste son iPad qui refusait que je le trace et à Vincent de le relancer pour que je puisse le localiser à nouveau…!
Pour ma part, cela m’a permis de découvrir la région…
Et de me rassurer en me disant que je pouvais agir en cas d’incident…!
Mais que fait-il…?
Sur la Lune…?
Non…!
Bref, une solution assez sympa pour suivre à distance notre Hannibal Brompton mais cela sert au départ à retrouver votre iPhone ou iPad s’il est égaré, accessoirement à avertir celui qui l’a trouvé (humm…!) et même à effacer le contenu de votre précieux si besoin est.
Note : Usage plus incroyable, à propos de cet accident d’avion au Chili à proximité de l’île de Robinson Crusoe…
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par Vincent Burgeon
Suite de mon mini-séjour dans les Alpes, fin août/début septembre. Après l’ascension du Parpaillon et une bonne nuit de repos à Barcelonnette, j’ai attaqué le lendemain un autre géant : la très fameuse route de la Bonette qui se trouve fort opportunément à quelques encablures de Barcelonnette et juste en face du Parpaillon… Aurait-on pu rêver mieux ?
Cette question revient souvent parmi les cyclos. Sous-entendu : “Quelle est le plus haut point (raisonnablement) atteignable avec ma bicyclette?”. S’ensuit discussions et polémiques selon que l’on parle d’un col ou d’une simple route, de goudron ou de piste, de la France, de la chaîne des Alpes dans son ensemble, de toute l’Europe, de Paris rive droite, etc.
La ville de Jausiers, dont dépend la route de la Bonette, ne s’embarrasse pas de détails et revendique (avec force panneaux indicateurs) la “Route la plus haute d’Europe”…
C’est très alléchant… mais rigoureusement inexact!
Primo, il existe en Europe des voies goudronnées plus élevées, et secundo, avec un VTT ou une bonne randonneuse, on peut facilement monter plus haut si l’on emprunte des pistes. Je soupçonne ces panneaux d’avoir été réalisés et installés un peu rapidement, sans que la pertinence de ce titre auto-attribué n’ait vraiment été mise en question, car sur son site web, la municipalité se montre un chouia moins catégorique… Pour en savoir plus sur les prétendants au titre du-plus-haut-quelque-chose-à-vélo, jetez un œil à la page Wikipédia consacrée au col de la Bonette…
Bon, tout cela n’a pas tellement d’importance… Ce qui prime avant tout, c’est le plaisir de rouler en haute montagne, dans les meilleures conditions et les plus beaux endroits possibles. On n’en voudra donc pas trop à Jausiers d’essayer de faire vivre son économie locale autour de cette route en attirant les cyclistes, au prix d’une subtilité de vocabulaire : il y a bien pire comme arnaque à touristes… D’autant que le parcours vaut largement le déplacement…
En effet, si je la compare à mes quelques ascensions dans les Alpes et les Pyrénées, la route de la Bonette a amplement mérité sa réputation. D’une certaine façon, elle concentre toutes les caractéristiques d’un beau col de montagne : une excellente route pas trop fréquentée, des décors variés et magnifiques (lac, torrent, vallon encaissé, alpages, sommet minéral, etc.), un haut niveau de difficulté associé au prestige d’une ascension mythique, une altitude élevée, des panoramas à couper le souffle, une longue descente sur un revêtement en excellent état (et donc bien sécurisé), sans parler d’une particularité topographique peu courante avec cette curieuse route qui contourne le sommet…
Pour celui qui voudrait tenter au moins une fois dans sa vie une ascension de col à vélo, je ne peux que recommander la Bonette. Elle est certes fort difficile, mais le jeu en vaut la chandelle, et s’il s’agit d’une occasion unique, autant ne pas jouer petit bras(quets, comme dirait JC)…
Attention : pinaillage… !
Les toponymes et altitudes des différents lieux environnant la Bonette sont généralement mal renseignés, souvent relayés sur internet par des randonneurs n’ayant pas pris la peine de recouper leurs informations. Sans parler des “autorités” qui ne font rien pour simplifier les choses…
Ainsi, ce petit panneau affichant “Col de Restefond - 2802 m” a de quoi en laisser plus d’un perplexe, car il n’indique ni le bon lieu (il est planté au col de la Bonette!), ni la bonne altitude (qui est celle de la stèle marquant le point culminant de la route de la Bonette)… Une sorte de faux panneau du col de Restefond.
Pourtant, en s’appuyant sur les cartes de l’IGN et quelques infos glanées ça et là, il n’est guère difficile de démêler l’écheveau.
Résumons (dans l’ordre d’apparition sur une ascension depuis Jausiers) :
Voyez également cette carte Google Maps qui reprend les principaux lieux – sauf la route de la Bonette, qui est apparemment boycottée par les services de Mountain View (un comble !).
Le départ se fait donc de Jausiers. De nombreux panneaux “Plus haute route de l’Europe” balisant la route, pas besoin de carte, on peut y aller les mains dans les poches.
Les premiers kilomètres se voient gratifiés d’une piste cyclable… Pour mettre le débutant en confiance ?
Quoiqu’il en soit, on quitte assez rapidement le fond de vallée après quelques lacets bien sentis et commence alors l’ascension d’une suite de combes et de ravins au fond desquels coule un petit torrent.
Et voici une vue supplémentaire de la montée. On voit que, globalement, la route est assez calme… J’imagine que cela doit être un peu plus encombré en pleine saison touristique…
Avant d’arriver au lac des Eissaupres, le décor change et commence à tout doucement à sentir la haute montagne…
Petite pause méritée au lac des Eissaupres, peu avant d’arriver aux casernes de Restefond. Quelques vacanciers en train de pêcher ou pique-niquer.
Arrivé au niveau des casernes de Restefond (panorama ici). En face, quelques moutons broutent tranquillement, pas vraiment dérangés par la circulation… Notez qu’on aperçoit dans le paysage, en haut à droite de l’image, des étoiles en pierres réalisées par les militaires, histoire de tuer le temps. Apparemment, les casernés étaient coutumiers du fait.
Après les casernes, il ne reste plus qu’à gravir quelques kilomètres. On entre alors dans le parc du Mercantour où des règles strictes s’appliquent concernant la préservation de la nature. À droite, la portion gravillonnée de frais n’est pas un parking mais bien la piste qui quitte la route de la Bonette et permet de descendre vers le (vrai) col de Restefond, puis Bayasse ou Saint-Dalmas via le col de la Moutière.
Dernier tournant, et on aperçoit enfin la Bonette. Voici un panorama complet reprenant tous les toponymes cités plus haut, à comparer avec la petite carte. Pour les amateurs du Tour de France, j’ai même indiqué l’endroit où John-Lee Augustyn est passé par la fenêtre en 2008…
À partir de cet endroit, rejoindre le col de la Bonette est un jeu d’enfant, la pente se calme et on en profite pour souffler un coup car, après le col, l’ascension finale de la route faisant le tour de la cime, avec ses forts pourcentages, est un vrai petit défi. Il faut en garder sous la pédale si l’on veut pouvoir la gravir d’un coup.
À la stèle marquant la fin du parcours, échanges sympathiques avec des cyclos anglais (ils sont partout!) et photo souvenir de circonstance :
Mais ce n’est pas fini !… Il est possible de monter au sommet de la Bonette via un petit chemin escarpé sur lequel je n’ai pas hésité longtemps à pousser le Brompton – pied à terre, évidemment (juste prendre garde à toujours rester côté “mur” afin d’éviter le plongeon dans la pente caillouteuse, façon Augustyn, d’autant qu’avec l’effort et l’altitude, la fatigue commence à se faire sentir)…
Sur ce panorama, on distingue mon Brompton sur le chemin menant à la cime (la table d’orientation est visible en haut à gauche) et la vue dégagée vers le sud. En contrebas se trouve la route de la cime et la stèle marquant son point le plus élevé. Dans le vallon, on aperçoit la piste allant du col de la Moutière (non visible) à Saint-Dalmas.
On retrouve une vue similaire sur ce panorama pris au sommet…
Et bien entendu, photo-trophée, avant de redescendre passer aux choses sérieuses…
Finalement, après avoir enfilé ma tenue de descendeur pliant, retour vers Jausiers à plein régime sur cette excellente route bien dégagée…
Et voilà : “saison” terminée en beauté avec ces deux magnifiques balades. Le soir-même, je reprenais le train de nuit pour Paris…
Pour cette ascension depuis Jausiers, petits braquets obligatoires, cela va de soi.
Également prévoir de l’eau en suffisance, car il n’y a pas beaucoup de passages couverts ou ombragés et peu d’endroits où se ravitailler en eau. Cela dit, il y a pas mal de petits torrents qui coulent ça et là, mais c’est à garder comme solution de secours (prévoir une tablette de purification d’eau). Penser aussi à la crème solaire et un couvre-chef en cas de forte chaleur (en ce qui me concerne, je garde la casquette pour monter et passe au casque pour la descente).
En savoir plus :