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De la présidence à la prison

Ferdynand Ossendowski

dans ancres | lire
par Jean-Christophe Courte

Bouquin singulier que ce second tome des souvenirs d'un ingénieur chimiste Polonais, Ferdynand Ossendowski formé en partie à Paris par Marcellin Berthelot. Travaillant pour les Russes dans les années 1905 à Vladivostok pour l'administration des chemins de fer, il est l'un des témoins de cette guerre étrange avec les Japonais et se retrouve, bien malgré lui, président du gouvernement temporaire d'extrême-orient.

À la fin de cette guerre, alors que son action est essentiellement d'assurer le retour des soldats russes vers l'ouest tout en préservant la situation à Kharbine, les luttes de pouvoir le font emprisonner et envoyer 18 mois en prison.

Comme copains de captivité, les araignées, les rats et ce petit oiseau.

La société de cette petite créature m'avait apporté un grand soulagement et j'étais vraiment très impressionné par la façon dont mon moineau se montrait sensible à mes états d'âme. Lorsque j'étais calme, il venait se poser sur mon épaule ou sur ma tête et me piquait du bec comme pour me taquiner ou bien sautillait sur mon papier. Quand au contraire j'étais triste, il restait silencieux, à me regarder, immobile, sur le rebord de la fenêtre. Un coup d'oeil, un appel suffisait à le faire sortir de sa torpeur et il arrivait aussitôt sur ma table en pépiant joyeusement comme s'il voulait me réconforter. Le matin, il me réveillait en volant autour de la cellule ou en se posant sur mon visage. Il me regardait curieusement, semblant insister pour me faire lever, réclamant son déjeuner et de l'eau fraîche pour son bain.

C'était vraiment une intelligente petite bête: ses yeux noirs, semblables à des perles, pénétraient jusqu'au fond des âmes. Il avait de la sympathie pour le directeur de la prison qui passait faire son inspection une fois par semaine. Dès que celui-ci entrait, l'oiseau lui faisait un accueil tout à fait cordial, se posant sur la table et sautillant de la façon la plus amusante, de manière à se rapprocher petit à petit de la manche galonnée.

Au contraire, quand arrivait le procureur, l'attitude de l'oiseau était absolument différente: il se cachait dans son nid et gardait obstinément le silence. Si le magistrat prolongeait un peu sa visite, la petite créature se posait sur le rebord de la fenêtre, ouvrait les ailes et criait à tue-tête des injures à l'intrus. Une fois que la porte s'était refermée sur l'indésirable visiteur, mon compagnon se mettait aussitôt à voleter joyeusement en exprimant sa satisfaction.

Quand je fus bien assuré que le moineau était rétabli, je décidai de lui rendre sa liberté et de l'envoyer porter notre message au monde extérieur si proche de nous et cependant si affreusement loin.

Une fois sorti de prison, il raconte comment il a échappé au suicide par miracle car il lui était impossible de trouver du travail comme chimiste de par son passé de prisonnier politique, comment il s'est fait voler une invention par des gens sans scrupules et comment il a fini par rebondir.

Du coup, une très grosse envie de lire les deux autres tomes de ses récits car, bis repetita, après avoir été emprisonné par les tzaristes, Ferdynand Ossendowski fut condamné à mort en 1920 par les bolcheviks et dû fuir à pied jusqu'en Mongolie.



De la présidence à la prison
Ferdynand Ossendowski
Traduit par Robert Renard
Phébus Libretto
9782752904171 | 12 €



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Rien à voir : Excellent plaidoyer pour l'iPad écrit par Anne Cunéo, un écrivain suisse.

le 09/02/2010 à 09:15 | .(JavaScript must be enabled to view this email address) à Jean-Christophe Courte | #