Fabriquer un ePub | De InDesign à Pages
En mode vécu avec ses petites notes à chaud
— “Et vous n'oubliez-pas, Jean-Christophe, de nous faire également un petit ePub…”
[long blanc…]
— "Non…! Je n'encaisse pas ce format qui est du HTML déguisé…”
- “Mais si, vous y arriverez-bien…! Et puis pour un spécialiste comme vous, c'est du gâteau…”
Là, je sens bien que la fabricante me provoque !!
Cela fait deux fois que nous discutons au fil sur l'éventualité de réaliser — ou non — un ePub.
J'ai déjà exposé de manière véhémente ma vision des choses…
À quoi sert-il de se "casser" pour faire une mise en pages structurée sous Indesign, choisir des typos, des formats styles, des graisses, des variantes OpenType (voir en fin de billet), mettre en regard des copies d'écran avec des textes ancrés, placer des petits filets pointillés, jouer des ligatures et des approches de groupe, des fines si c'est pour finir par pondre un ersatz nettement moins élaboré la mise en pages — pourtant simple — de mon propre blog, d'urbanbike…?!
Ok, c'est pour lire dans iBooks. Mais iBooks supporte du PDF, basta.
— “Allez, prenez-votre temps, j'en ai besoin seulement dans 15 jours…!" Et elle raccroche en se marrant…
J'aime bien N., mais là j'avais comme une grosse envie de la mordre…!
Alors…?
Alors, cette diablesse (!) a obtenu ce qu'elle souhaitait…! Elle n'en a jamais douté d'ailleurs… Trop forte…!
Bon, le PDF pour l'ebook, 15 secondes de paramétrage sur InDesign.
Par exemple, si vous passez par l'export PDF interactif, décocher impérativement les pages en regard de votre fichier (Fichier…/Format de document…). Mais pensez alors que les folios seront toujours au même endroit et donc à préparer un gabarit spécifique pour la version ebook.

Ici, PDF d'impression comme pour un livre mais avec réduction du nombre de DPI pour les images (et évitez le JPG 2000). Et dans tous les cas, bien penser à incorporer les liens…!

Cela conserve ces trucs pas si inutiles que sont les ligatures… Entre autres.

Ok. Mais pour l'ePub, la préparation n'est pas si simple.
Du coup, j'ai lu en long en large et en travers le livre d'Elisabeth Castro — Créez des documents ePub — paru en français chez Pearson (chronique à suivre).
Bon, je n'étais pas en état de trop comprendre. La fin de l'écriture du bouquin avec une toux continue fut assez rock and roll et j'ai fini par me résoudre à appeler Raphaël, mon toubib, qui m'a aussitôt prescrit cortisone et anti-bios…
ePub… Heu, non merci…!
Autant pondre un PDF de qualité qui respecte ma mise en pages est un jeu d'enfant (enfin, toutes proportions gardées), autant se mettre dans la "prod" d'un ePub est, comment dire sans être désagréable…? "Biiiiip…!"
Surtout en repartant depuis InDesign.
Étrangement, ce n'est pas le meilleur outil. Bon, j'ai joué le jeu (c'est l'avantage d'être vaseux, on ne réfléchit pas trop avant de se lancer dans des décisions stériles) et je me suis fait une première version ePub en réduisant tous les styles, changeant tous les demi-gras italiques par des gras italiques, etc.
Même viré mon Cronos Pro au profit du Verdana, pour voir.
Le premier essai m'a aussi démontré que mon idée plus sotte que grenue de mettre des petites copies d'écran, si cela fonctionne pour un livre, est dans ce cas totalement illisible.
J'ai réimporté une première fois (sic…!) toutes mes copies d'écran plein format, histoire que le lecteur du ePub ait quand même un truc "lisible" sous les yeux (ne me remerciez-pas, juste passé 3 heures inutiles comme vous allez vous en rendre compte). Et modifié la mise en pages.
Sauf que la table des matières était ni fait ni à faire avec symboles diacritiques, la couverture ne s'affichait pas, les styles des titres de mon ePub basiques de chez basiques… Bref, pas veritablement la cata mais presque.
En parcourant à nouveau le livre de Dame Castro, j'ai vu que l'on pouvait remédier à cela en rentrant dans le XML, etc.
Sauf que c'est tout ce que je ne veux pas faire…!
Je ne suis pas un développeur, pas un ingénieur, juste un auteur, un simple quidam qui veut transformer sa prose dans un format ePub sans devoir suivre des cours du soir accélérés de XML…
Et puis j'en ai eu marre ("assssssssssssez", quoi !).
Pendant la rédaction de ce bouquin, j'ai utilisé Pages pour échanger via du .doc avec C., ma super relectrice.
J'avais déjà eu l'occasion de m'essayer à faire un bout de ePub quelques mois auparavant (voir cette chronique sur urbanbike).
Plus je merdoyais dans InDesign (les spécialistes vont m'expliquer la solution les doigts dans le nez quand ils auront lu ce billet…), plus je me souvenais de la simplicité de Pages.
Aussi, samedi soir, pendant que la France écrabouillait gentiment l'Écosse (XV), j'ai exporté mon texte InDesign vers Pages.
Là, nouveau gag, l'export des styles est réduit dans InDesign. Même pas un export en .doc avec le nom des formats style. Du coup, avant d'exporter en .RTF (histoire de conserver au moins les enrichissements gras et italique), j'ai ajouté une balise à la fin de chaque format paragraphe stylé en utilisant la recherche remplacement.
Ensuite, en important ce RTF dans pages, j'ai créé mes quatre formats paragraphes puis utilisé la recherche remplacement de Pages sur chaque balise pour attribuer à chaque fois le format nouvellement créé. Puis viré, après vérification toutes ces balises désormais inutiles.

Vue fatiguée…? Allez, je fais un effort…!

Je me retrouve donc avec le texte original correctement stylé. Le temps de créer le sommaire automatique dans Pages et hop, premier essai : le ePub est impeccable et mon sommaire fonctionne.
Je vous disais que j'avais perdu trois bonnes heures à réimporter dans InDesign mes copies d'écran illustratives… Héhé…! Le RTF n'exporte QUE le texte. Donc il a fallu recommencer (pourquoi croyez vous que je bosse douze heure par jour, WE compris…?!).
Au départ, j'ai fait le malin. Si, si. Okay, la fièvre n'explique pas tout.
Donc, mon doc InDesign à droite, mon doc Pages à gauche et, hop, copier/coller entre les deux. Sauf que très (très) mauvaise idée…
Il est indispensable que l'image soit bien importée par référence dans le doc (Madame Castro l'écrit noir sur blanc, impardonnable, JC). Bref, des images commençaient à manquer dans mon ePub de test.
Là, j'ai eu un petit coup de calgon vu le temps que ce nouvel import allait consommer.
Sauf que…!
J'ai consulté vite fait le livre de Bernard Jolivalt avant de m'endormir samedi soir (voir cette chronique sur urbanbike), histoire de vérifier une assertion de l'auteur.
Mais bon sang, mais c'est bien sûr, en mode Structure dans Pages, on peut glisser dans l'arborescence par un simple drag and drop ses images…!
Avant (info dans Pages)

Cliqué glissé…

Et hop…!

Et donc j'ai le plaisir de vous annoncer que le ePub de mon nouveau bref-seller (il y a des fois où je me demande pourquoi je continue à écrire… Ah, vous aussi…!!) a des copies d'écran qui s'affichent et se lisent et que la structure, le chapitrage comme me l'a rappelé Olivier, est opérationnelle. Mieux la couverture se voit sans souci.
Mieux encore, j'ai pu modifier les attributs des styles pour obtenir des effets plus amusants (j'ai pas dit que c'était génial mais c'est moins terne que mes essais précédents).
Merci Pages…
Quelques copies d'écran effectuées sur le iPad…
ePub
Table des matières et couverture…

Pages intérieures…

Avec même la copie d'écran en plus gros

Bon, du coup, le lecteur peut choisir sa typo… 3 exemples.



Mon préféré reste le Nicolas Cochin.
Bon, mon choix personnel se porte nettement vers ce format…

Un souci de lecture, on écarte les doigts…

La recherche reste disponible dans iBooks…

Et l'on peut également voir le fac-similé du livre sous la forme de grosses vignettes…

Ou utiliser la table des matières (toujours ici dans iBooks)

Du coup, pour du PDF, InDesign reste un fabuleux outil de mise en pages mais je ne comprends toujours pas l'engouement de l'édition pour le format ePub qui reste, à mes yeux, du HTML.
Soit ce format évolue très vite vers un truc nettement plus excitant (mais j'en doute encore, même si je ne demande qu'à le voir évoluer…), soit d'aucuns se souviendront enfin que l'on a déjà un fabuleux format à disposition depuis des années, un truc nommé PDF. Même que l'on fait tous les jours des livres, des magasines avec.
Et même des magasines numériques pour l'iPad (Ici, Une page du Point avec sa série de numéros gratuits que vous devriez tester…).

Pour ma part, je ne me vois pas lire le livre de David RAULT, Guide pratique de choix typographique en ePub.
Mais j'ai certainement tout faux.
À suivre…!
Pour finir, qui se soucie encore des variantes des typos Pro Opticals…?! Qui fait encore le distinguo entre Display et Caption…!
— J'attends le “Hé, JC, mais c'est la même chose…?!”
— “Ben non…! Relire cette chronique sur urbanbike…”
Bref, j'aime plus que jamais le PDF mais merci à Pages pour m'avoir sauvé la mise sur ce coup là. Bon, on parle d'une CS 5.5, même d'une CS 6. Souhaitons qu'Adobe insuffle enfin de veritables options ePub dans InDesign.