La fille pas sympa | parcours d’une jeune autiste
Un premier livre de Julia March… lu par ma fille
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par Jean-Christophe Courte
J’ai entendu Julia dans l’excellente émission la tête au carré. Elle était interviewée par Mathieu Vidard et ce fut un échange tellement sympa qu’a la fin du PodCast1 (j’écoute la radio en différé la nuit pour reposer mes yeux), j’ai filé sur iBooks pour acquérir le livre2…
Le lendemain matin, je l’ai déposé sur l’iPad de ma fille en pensant que cela allait l’intéresser. Première réaction… “mais j’ai rien à voir avec elle…” une habitude pour ceux qui le sont d’éviter de s’identifier…
Et puis ma fille l’a entièrement lu en quelques jours (elle fait d’abord passer ses études3 avant tout) mais m’en livrait des passages qui l’avait marquée chaque matin. Et pour cause, quelques ressentis communs.
Aussi, je lui ai demandé de m’écrire un résumé, ce qu’elle a fait après que je l’ai entendue exploser de rire en finissant ce livre.
Je copie colle…
Je suis aux anges
Je viens de lire le livre de Julia March, membre de la grande communauté des autislandais4, qui s’appelle La jeune fille pas sympa.
Née dans une famille dont les parents se sont convertis aux Témoins de Jehovah, elle a endurée toute son enfance les critiques et la violence de parents instables.
Elle a subi plusieurs déménagements en Espagne, entre 8 et 21 ans, le comble pour quelqu’un qui ne trouve la paix que dans la routine et tout cela pour que ses parents se retrouvent dans une nouvelle communauté de témoins de Jéhovah.
Julia March avait pensé pendant plusieurs années que ses différences se devaient à son appartenance à ladite communauté, jusqu’à ce que, une fois déménagée à Paris, elle se rende compte que ses différences continuaient.
Après avoir commencé une LLCER (Littérature Langue et Culture Étrangère ou Régionale) espagnol à La Sorbonne, épuisée, elle déménage à Nantes dans la plus grande précarité.
À ce moment-là, sur les conseils de sa nouvelle amie Julie Dachez5, elle se tourne vers un psychiatre qui lui diagnostique un autisme asperger.
Enfin… la révélation !
Une RQTH (Reconnaissance de Qualité de Travailleur Handicapé) et une AAH (Allocation Aide Handicap) plus tard, la voici prof d’espagnol dans un collège nantais.
Comme quoi, on peut être autiste et s’en sortir.
En conclusion, chers neurotypiques, comme disait cette ambassadrice du pays des autistes : « il faudrait vous faire à l’idée que nos intérêts spécifiques nous passionnent plus que votre petite personne ».
Un chouette témoignage de l’intérieur
Voilà, c’est du brut de fonderie de ma fille mais vous vous doutez que j’ai lu en partie ce même ouvrage (vive le format ePub) sur mon propre iPhone. Sauf que je n’ai pas été assez rapide…!
J’en suis au chapitre 6 mais je peux extraire deux longues citations qui leur sont communes…
Celle-ci…
Bien qu’en apparence autonome, j’étais curieuse et j’aimais apprendre de nouvelles choses. Si on m’avait proposé d’aller régulièrement à la bibliothèque, si on m’avait proposé d’apprendre à faire de la poterie ou de la peinture, en somme des activités solitaires mais qui exigeaient d’apprendre de nouvelles techniques et faire preuve de discipline avant d’être ensuite félicitée pour les progrès réalisés, j’en aurais été ravie.
Un gamin autiste est curieux de tout et dépasse (très, trop…!) souvent celui qui lui enseigne quelque chose…! J’ai ainsi laissé dans les mains de la mienne de coûteux cailloux — urbanbike | De la douceur dans les pixels — qu’elle emploie différemment de moi, voire avec nettement plus de talent…
Et puis cette autre car ma fille est…
Ils avaient (note : elle parle ici de sa famille paternelle) d’ailleurs eu de drôles de principes concernant les petites filles.
Ne pas se salir en jouant – comment aurais-je été censée faire alors que je passais mon temps à tomber par terre ?
Ne pas grimper aux arbres – pardon ? Il m’avait semblé que les arbres étaient faits pour cela, pour que les enfants y grimpent et y construisent des cabanes !
Porter de belles robes à frous-frous. Cette manie de m’engoncer dans une robe inconfortable et m’empêchant de jouer à mon aise m’avait tout particulièrement exaspérée, mais mon entêtement avait eu raison de leurs principes.
À cette époque de mon existence, on ne pouvait m’habiller autrement qu’avec des caleçons, aussi appelés leggins, et cette pièce reste aujourd’hui la préférée de ma garde-robe.
Héhé !
Bref, un régal tant pour mieux comprendre les autistes que suivre une trajectoire étonnante — là, c’est moi qui me suis retrouvé dans les délires sectaires de ma propre enfance — contée avec humour…
Je vous laisse, j’ai encore 34 chapitres à lire…! Sans oublier un autre livre que ma fille a déjà lu… Chaque mot est un oiseau à qui l’on apprend à chanter de Daniel Tammet…
Bon week-end…
- La fille pas sympa en ePub
- sinon, sur le site des éditions Seramis pour la version papier
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Le club des têtes au carré - La tête au carré via Castro 2 ↩
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Oui, j’achète au format ePub de préférence : La fille pas sympa ↩
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Cf. Autislande dont il faudrait bien que l’on reprenne quelques pages… ↩