Les cités-jardins
De la banlieue du nord-est parisien
dans
architecture |
lire |
potager
par Jean-Christophe Courte
Si le nom d'Henri Sellier n'évoque pour vous qu'un boulevard (…à Suresnes par exemple), c'est le moment d'en savoir un peu plus sur ces personnalités qui ont permis le développement des cités-jardins autour de Paris…
Ce livre ne traite que des cités-jardins de nord-est parisien, celles de Stains, du Pré-Saint-Gervais, la cité Blumenthal d'Épinay sur seine, mais aussi de projets plus petits comme La Poudrerie à Livry-Gargan, les foyers de Pantin, etc. Je me souviens des cours de Panerai et Castex à l'école d'architecture sur ces ensembles, la pensée qui animaient tous ceux qui œuvraient à l'édiction de ces ensembles pour les populations ouvrières…
Les cités-jardins ont connu leur apogée justes avant guerre, dans les années 1920 à 1939. Ces bâtiments — souvent provisoires — sont aujourd'hui de superbes témoignages d'urbanisation mais aussi d'architecture. Je reste fasciné par le traitement des détails, l'emploi de la brique (qui elle, cherchez l'erreur, ne se salpêtre pas malgré l'âge…). Je connais fort peu les projets évoqués dans ce livre, ayant surtout parcouru ceux de Suresnes ou encore de la porte de Saint-Cloud, de la porte Dorée…
Voilà des constructions qu'il faut que tous les architectes se remémorent. Certes, il y a eu des erreurs, les termes du projets sont souvent différents de ceux d'aujourd'hui notamment en sur la question de l'hygiène (mais à l'époque c'était Byzance…). Aussi, les travaux de réhabilitation et de transformation de deux appartements en un seul plus adaptée à le demande actuelle sont à suivre. Mais c'est surtout l'esprit des cités-jardins, les traitements public/privé comme rue/jardin qui sont à redécouvrir d'urgence pour éviter de transformer tous les nouveaux projets en vastes parkings…
Revenons une dernière fois sur les traitements en brique, brique émaillée, carrelage ou même béton. Toutes ces décorations "inutiles" humanisent ces lieux, il serait bon de s'en souvenir… Toutes les surfaces sont utilisées et traitées de manière splendide. Inutile de chercher un pendant actuel, on fait tout à l'économie et le savoir-faire des artisans de l'époque a quasiment disparu alors que leurs frises résistent à l'usure du temps… La photo de couverture donne bien le ton… Cet espace simple en saillie sur une façade plate, le traitement a minima, n'est-ce pas cela qui manque aujourd’hui en lieu et place de ces halls collectifs en marbre qui claquent…?
Un exemple à Suresnes, justement…

Et prenez le temps de lever les yeux, de détailler les traitements…

Un ouvrage tant pour le grand public passionné que pour les concepteurs et les étudiants en urbanisme comme en architecture…
Les cités-jardins de la banlieue du nord-est parisien
Benoît Pouvreau, Marc Couronné, Marie-Françoise Laborde, Guillaume Gaudry
9782281193312 | 35 €
144 pages, 23 par 25 cm en quadrichromie

Info(s) pratique(s)…
Hasard… Ce dimanche matin, Roland Castro — sur France-inter — évoquait les erreurs des cités construites dans l'esprit de celle d'Aulnay et citait avec intelligence la cité-jardin de Suresnes reliée au monde et surtout possédant dès sa création des lieux de spectacle (dont le théâtre Jean Vilar, etc.). C'est effectivement à partir d'architectes comme Le Corbusier (n'oublions pas son plan Voisin pour Paris, une vison assez… radicale…) que tout le travail autour de ces cités-jardin s’évanouit au profit des grands ensembles…