Rémunération des billets : qui gagne en définitive…?
Blogs et économie
dans
groummphh
par Jean-Christophe Courte
Jusqu'à ce matin, j'étais partagé : après tout, tenir un blog coûte de l'argent, ce que le lecteur ne perçoit pas toujours (nom de domaine, hébergement, etc.) et pourquoi refuser à certains de recevoir un peu d'argent — ponctuellement — pour relayer un événement précis comme la sortie d'un nouveau produit. Je renvoie d'ailleurs les curieux sur l'excellent billet de Laurent Gloagen et à quelques autres sur son site, billet qui décortique les méthodes employées comme la nature de la demande…
Bref, j'en étais là, jusqu'à une rapide discussion technique jeudi dans la matinée avec Dominique Chiron…
En résumé, nous nous sommes demandés si nous n'étions pas totalement focalisés sur la rémunération des billets au lieu de chercher ailleurs…
Ne sommes nous pas comme l'idiot qui regarde le doigt du sage alors que celui-ci lui montre la Lune…? Parler du montant de la prestation n'est peut être qu'un leurre…
La question peut être posée différemment.
Au lieu de se demander pourquoi des annonceurs souhaitent désormais rétribuer directement les blogueurs — et pour quelle somme, il est intéressant de modifier notre approche. De revenir aux fondamentaux. Qu'est ce que l'annonceur gagne réellement dans cette histoire…? À qui profite le crime…!
Est-ce une plus ou moins forte économie sur le budget publicitaire de promotion de l'évènement…? Une défiance vis-à-vis de la presse spécialisée qui décline…? Une manière astucieuse de faire du buzz…? Une méthode pour être présent de manière active sur le net…? Certainement un peu de tout cela.
Mais pour Dominique, le jeu est beaucoup plus subtil, je le cite…
Les départements marketing des grandes marques ont fait leurs comptes. Imaginez ! Plutôt que de payer à prix d'or au géant Google, des mots clés, du positionnement etc. Utilisons plutôt pour une somme — entre nous — bien inférieure, un panel de blogueurs ayant une certaine (mais surtout supposée) influence dans le milieu ciblé, ainsi qu'un Pagerank raisonnable (4/5). Les dits blogueurs, de bonne foi la plupart du temps, puisque certains vont même jusqu'à indiquer sur le billet la nature publicitaire de ce billet, les dits blogueurs ont l'impression de "monétiser" (oui, celui-là est à la mode) leur travail.
Que nenni !
Ils participent tout simplement à positionner et pageranker (googlisme ?) la marque… C'est très intelligent de la part de l'agence de marketing qui, du coup pour des sommes dérisoires — eu égard au prix des mots-clés et autres positionning(s) Googlesques — fait monter le poids des occurrences des mots clés dans notre bien aimé et incontournable Google.
On pourrait objecter aussitôt que les blogueurs ont conservé leur liberté de ton, qu'ils sont libres d'écrire tout le bien ou le mal du produit tout en percevant un cachet… Je partage la réponse de Dominique…
Mais il y a comme un os. Les blogueurs dit-on, ont toute liberté de ton, d'écrit et peuvent même (si, si…!) dire du mal… Mais alors où est l'intérêt ?
Qu'on se rassure là encore, le contenu n'a que peu d'importance (…désolé pour votre égo…!) c'est bien le poids des mots qui intéresse nos influençeurs. Donc Mesdames et Messieurs les blogueurs, citez, citez, dites même du mal, mais pour l'amour de Saint PageRank, citez la marque !!
C'est notre contribution improvisée à deux cents d'euro rédigée entre deux boulots…!
Dernier point, à la lumière de cet échange, 250 €, ce n’est franchement pas cher payé…!

Finissons par cette phrase de Bazile dans Le barbier de Séville de Beaumarchais (acte 2, scène 8)… Et replacez le concept de la calomnie par le bruissement des informations sur le net…!
La calomnie, Monsieur ? Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j'ai vu les plus honnêtes gens près d'en être accablés. Croyez qu'il n'y a pas de plate méchanceté, pas d'horreurs, pas de conte absurde, qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande ville, en s'y prenant bien ; et nous avons ici des gens d'une adresse !… D'abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l'orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l'oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'œil ; elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription — qui diable y résisterait ?
Toujours d'actualité, non…?!
Info(s) pratique(s)…
Note de vendredi 08:00 : après avoir mis en ligne ce billet hier soir, j'ai parcouru avant de dormir la dernière édition du livre de Sandrine Saporta, Référencement sur le Net, que j'avais reçu la veille… Et (…à croire qu'il n'y a pas de hasard…!), cela a conforté l'argumentation de Dominique…
D'autant que l'introduction met l'accent sur la stratégie "pull" (qui s'oppose en partie à celle du "push")… Je la cite :
Parmi les internautes, ceux qui utilisent les moteurs de recherche sont de plus en plus nombreux. Plus de 90 % des utilisateurs réguliers d'Internet font appel aux moteurs de recherche. Le recours aux moteurs de recherche et aux annuaires, par les internautes, lors de la recherche d'une information, d'un produit ou d'un service devient un véritable réflexe.
(…) Cette stratégie permet une réelle proximité avec les internautes ainsi qu'un ciblage précis et qualifié de ces internautes. Le ciblage s'effectue par l'internaute lui-même, par le choix des mots clés qu'il sélectionne selon sa pertinence. L'annonceur ne choisit d'être vu que des internautes ayant telle ou telle demande. Un tel ciblage permet de maximiser la rentabilité d'une opération en réduisant les cou^ts d'acquisition client.
Et elle ajoute avant (vous aurez encore 180 pages de conseils derrière à lire…) :
Il est également important de noter que, pour certaines marques bénéficiant d'une forte notoriété, le fait de ne pas être positionné parmi les premiers résultats de recherche par les moteurs et annuaires sur les principaux mots clés relatifs à leur activité ou à leur marque put nuire à leur activité de leader.
En bref, Dominique a résumé en quelques phrases l'un des nombreux conseils que cette spécialiste du Net donne dans cette nouvelle édition de son livre. Pour le reste, je vous engage à lire notamment ses fiches comme les 10 erreurs à ne pas commettre pour réussir son référencement naturel ou encore, quelques consignes à respecter pour ne pas être blacklisté, etc.
Référencement sur le Net

Référencement naturel et liens commerciaux, comment être gagnant !
Sandrine Saporta
Éditions d'Organisation
9782212538540 | 25 €

Photo du matin en lumière électrique (et pas très réveillé à cause du vent cette nuit) avant de foncer porter les mômes à l'école…
Ajout de 09:12…
Et cette stratégie du "pull" va s'accroître… À lire cette info de 01net.com ce matin…
82 % des 16-24 ans reconnaissent aujourd'hui surfer sur Internet, quand ils ne sont que 77 % à encore s'aventurer devant un écran de télévision. Une donnée en baisse de 5 % par rapport à l'année dernière.