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Un petit tour au Proche-Orient

Raphaël Krafft | Journaliste à vélo

dans ancres | lire | potager
par Jean-Christophe Courte

Du 6 avril au 15 juin 2008, Raphaël Krafft a parcouru en vélo (pas un brompton…!) un sacré périple en partant d'Egypte pour se rendre au Liban en passant alternativement par Israël, la Cisjordanie, la Jordanie et la Syrie. Ces quelques semaines sur son destrier à deux roues, cette fragilité du cycliste ont été l'occasion de nombre de chouettes rencontres spontanées même si l'auteur avait déjà une connaissance du terrain et des points de chute ci et là.

Quelque soit votre point de vue sur ce qui se passe dans cette partie de monde, je vous engage à parcourir les 300 pages de ce récit illustré par un grand nombre de photos. Et écouter les paroles des uns et des autres, les souhaits de liberté qui reviennent dans nombre de témoignages… Des archives sonores sont en ligne ici

J'ai bien aimé aussi le style direct de Raphaël et copie/colle un extrait trouvé ici.
Une « clôture de sécurité » isole la route 443 qui permet de passer d’un territoire à l’autre sans s’en apercevoir. Quelques centaines de mètres, et je trouve l’accès au village de Beit Sira. La route est barrée de blocs de béton par-dessus lesquels des enfants, souriants, charrient des rebuts de métal et de plastique. Au loin, le muezzin. La route serpente. Oliviers, vignes, calcaires jaunis par le couchant : Palestine de carte postale dans l’imaginaire des Palestiniens réfugiés au Liban ou ailleurs. Un berger sur un âne, à la tête d’un troupeau de chèvres, m’indique le chemin. Bientôt, un groupe de jeunes me fournit une escorte jusqu’au village en la personne de Mahmoud, 12 ans, sur son vélo BMX rouillé. Dans la côte qui mène au village, de plus en plus de maisons, avec, à l’étage inachevé, des fers à béton pointés vers le ciel. Tous les dix mètres, sur le pas des portes : « Thé ? Café ? » Je demande le maire et tombe sur son cousin, Ibrahim, qui, chaleureux, me tire par les bras. Impossible de reculer. La nuit est tombée. Sur la terrasse en parpaings, Oum Daoud, son épouse, m’apporte une couverture. Tout le quartier rapplique, me questionne, me fait fête, rares sont les visiteurs dans ces contrées. Café amer, thé, café turc, femmes affairées en cuisine, je n’ai que des cigarettes à offrir, je dois insister pour qu’ils les acceptent. Ibrahim, père de huit enfants, est le dernier des agriculteurs de Beit Sira. Son âne qui brait a repris du service, l’essence est trop chère, le tracteur rouille.

Le repas est servi dans le diwan, la grande pièce aux murs blancs décorés d’une photographie nocturne de la Kaaba et meublée de canapés rococo. Oum Daoud a préparé un mansaf (agneau au yoghurt), spécialité bédouine revendiquée comme plat national tant par les Palestiniens que par les Jordaniens. Nous mangeons entre hommes, même si Oum Daoud prend la liberté de s’installer quelques minutes sur l’accoudoir du canapé. Je suis le seul à la complimenter. Dans l’encadrement de la porte, les filles d’Ibrahim gloussent à ma vue, avant qu’il ne les rabroue avec fermeté. Jibril, le cousin d’Ibrahim, anglophone, accepte de traduire. Ce que Ibrahim pense de mon mode de transport ?
— J’ai cru que tu étais un gars du village… Je t’ai invité à venir chez moi avec le plus grand des plaisirs. Tu es un étranger mais tu es le bienvenu chez nous, tu seras notre hôte. Nous, en Palestine, nous sommes connus pour notre altruisme, notre hospitalité.

Humanité, authenticité et proximité me semble bien qualifier ce récit de voyage d'un auteur qui n'est pas non plus un amateur, journaliste à France-Inter.

Du coup, très envie de lire son précédent livre (je me souviens du blog qui ne fonctionne plus), Un petit tour chez les Français


Un petit tour au Proche-Orient
Raphaël Krafft
Bleu autour (le site de l'éditeur | le blog de l'auteur)
9782912019905 | 18 €



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le 11/01/2010 à 06:30 | .(JavaScript must be enabled to view this email address) à Jean-Christophe Courte | #