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Val Paradis

Alain Jaubert

dans ancres | lire
par Jean-Christophe Courte

Chronique du 20 avril 2006 toujours d'actualité.

C'est Hugues Aufray qui chantait "Sous les feux ou les vents de glace, D'Istanbul jusqu'à Valparaiso, J'ai fait le tour de la terre"…
Dans ce livre d'Alain Jaubert, il est énormément question du Chili et particulièrement de Valparaiso, premier grand port après le Cap Horn. Mais aussi d'histoires de mer, de rencontres, de femmes, de ports, de bateaux à voile, d'échouages, de naufrageurs, d'armateurs, de maisons closes, de repas, de bars, de jazz… Bref, de la vie à terre pour la marin enfin à quai…
Mais avant tout, c'est l’histoire romancée/rêvée/réelle d'un jeune pilotin bouclant son premier tour du monde fin 1958 sur un bateau nommé le Léopard

Valparaiso, ce port mythique, un solo muelle, cien bordellos, un lieu de pure délivrance pour le marin quand il y arrivait entier. Il faut se remettre dans les conditions de l'époque de la marine à voile avec les changements de vent fréquents au passage du Horn… Et la traversée se muait en véritable supplice.

Comme le rappelle l'un des personnages, ce n'est pour rien que la cartographie de cette pointe de l'Amérique…

porte des noms qui en disent long. L'île Désolation, l'île Échouée, l'île Furie, l'île Cachée, l'île Araignée, l'île Veuve, l'île du Diable, […] et encore la baie inutile, la baie de l'attente, la baie de la Dislocation, le golf des Peines, la pointe de la Rescousse, le mont Rouge, le mont Noir, le mont Obscur, le mont Brisé, la plage de la Discorde, Port Miséricorde, Port Refuge, Port Famine et aussi les roches Furies, le cap Rugueux, le récif Périlleux, le banc Serpent, le chenal des Déserteurs, la pointe du Naufrage, j'en oublie, on n'en finirait pas…


J'ai eu l'impression de lire avant tout un authentique récit de voyage plutôt qu'un roman. Et c'est cela qui m'a particulièrement réjoui, ces moments magiques où le récit bascule vers d'autres histoires, imaginaires ou réelles, où l'on découvre les figures du Capitaine Rebec et de son voilier échoué ; de Paola, la sensuelle cousine de Roger ; l'ombre meurtrière de Louis Brihier Lacroix ou encore la folie d'Antoine Tounens, roi d'Araucanie ; de Doris, Dolly, Macha la bien nommée, Irène, Inelda…
Ajoutez à ces ingrédients une écriture agréable, fluide, précise. Des descriptions splendides des ports, des marchés, des repas, des gens… Et de l'humour, une humanité — du courage aux petites, voire grandes lâchetés — qui rend tous ces personnages attachants, filles des bouges comme musiciens ou marins de rencontre.

Je suis tombé sur ce livre par hasard et j'en suis sorti enthousiasmé… C'est pourquoi je vous le recommande même si certains petits pères la pudeur risquent parfois de s'étrangler.

Aventures, découvertes, initiations, le récit — premier roman d'Alain Jaubert — est superbe, cru, sensuel, entraînant, à la manière des humeurs de l'océan, alternant périodes de calme et bourrasques… À lire tranquillement, l'esprit ouvert.

Val Paradis
Alain Jaubert
Gallimard | 9782070771905





Existe désormais en édition de poche : Val Paradis | 9782070320387



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le 22/12/2009 à 06:30 | .(JavaScript must be enabled to view this email address) à Jean-Christophe Courte | #