Vivre avec des températures réduites | 4
Ça ne suffit pas…
dans
dans mon bocal |
vieillir
par Jean-Christophe Courte
Suite (…de circonstance) de lointains billets1 postés naguère sur urbanbike, celui-ci rédigé par étapes, actualité anxiogène oblige.
Avec les crises qui se succèdent, profitons de ces six prochains mois pour anticiper, nous adapter à ce qui nous pend au nez : en premier lieu aux ruptures énergétiques… Mais pas que…!
Quelques pistes que je m’applique…
Le réchauffement climatique2 avec sa cohorte d’éléments météorologiques atypiques (…dont son impact sur les végétaux) doit nous amener à réfléchir sur notre mode de vie quotidien, quelque soit la saison.
Comment ça, il n’y a pas urgence…?!
Cela fait quelques décennies que nous consommons comme des gorets, gaspillons les ressources communes de cette planète souvent de manière insidieuse…!
Une illustration…?
Baladez-vous dans une grande surface proche de chez vous…
Dans la grande surface non loin de la colocation de ma fille, un passage au rayon fruits et légumes laisse songeur : myrtilles du Chili, fraises du Maroc côtoient des produits frais venus d’Espagne, de Thaïlande, Pérou, Brésil…
Pour mémoire, mars, c’est la saison du chou vert, des épinards, endives, poireaux, carottes, oranges (dont des sanguines), pommes, navets, radis… On voit bien apparaître sur les étals des marchés quelques asperges, un embryon de rhubarbe, blettes…
Bien sûr, c’est moins glamour que des ananas du Costa Rica, du raisin blanc d’Afrique du Sud, des grenades (le fruit, hein…!) du Pérou.
Je reste perplexe face à la logistique nécessaire (…et l’énergie consommée, à son coût…!) pour nous livrer — à bon port — ces produits frais3… dont une partie finira invendue. Je suis curieux de savoir ce que deviennent ces aliments encore sains mais “tapés”, “flétris” et, de facto, impropres à la vente.
Certes, gamin, j’ai fréquemment vu ma grand-mère paternelle récupérer — lors de la remballe du marché central d’Orléans — des cageots de fruits et légumes fatigués que mon grand-père transformait immédiatement en plats succulents…
Aujourd’hui, quid…?
Récupération par des confituriers, dons à des associations d’aide aux plus précaires d’entre-nous ?
L’exemple des aliments qui viennent de l’autre bout du monde sans respecter le cycle des saisons est le premier fait “absurde” qui me vient à l’esprit !
Mais je diverge…
Réduire, user…
Je pourrais multiplier les exemples en évoquant les achats impulsifs d’habillement (vaste sujet…!!), les méfaits des promotions, sollicitations à acquérir des lots de produits transformés…
Je reviens au chauffage des logements, boutiques et bureaux.
Combien de fois suis-je arrivé dans un lieu surchauffé ?!
Si je l’ouvre, j’ai droit à…
Il fait froid…
Il y a du vent…
Je sors d’une crève ;
Je ne supporte pas de porter plus d’une chemise (ou t-shirt) sur moi…
Je ne sais pas régler les radiateurs…
C’est compris dans la location, les charges…
J’ai besoin de vivre à 22, 23, 24° pour être bien…
Voire… « j’en ai rien à foutre ».
Baisser les thermostats d’un chouïa…!
Ce que j’avais écrit1 reste d’actualité mais, entre temps, nous (ma tribu) avons changé de lieux de vie…
- Dans le logement que ma fille occupe dans le sud, tous les radiateurs (alimentés par un chauffage collectif, immeuble de grande hauteur) sont fermés hormis celui dans sa piaule située nord-est. Le passage du liquide caloporteur en astragale (comprendre : visible le long des murs) dans chacune des pièces suffit pour obtenir une température supportable.
- Dans notre abri “îlien”, les radiateurs sont à 16° la nuit, remontent de deux degrés au petit matin avant la fin des heures creuses (petit coup de chaud avant 06:30…!) avant de redescendre à 16°. L’air chaud monte pour réchauffer les pièces sous les combles bien isolées. Pas surpris d’avoir des relevés de consommation parmi les plus bas dans notre secteur.
S’adapter plutôt que subir…
Tout est question d’habitude : enfiler une polaire ou un pull dans la journée, accessoirement une robe de chambre le soir.
Un avantage immédiat : plus de choc thermique excessif en passant de l’intérieur vers l’extérieur (et réciproquement)…!
- La nuit, au lieu d’empiler des couvertures, une bonne couette. Qualité de sommeil garantie avec la fraîcheur de la pièce (…ventilée4 une dernière fois avant de dormir).
Ça pique un peu au début mais nos corps s’adaptent. D’autant plus facilement que le logement est en régime.
Ça veut dire porter des vêtements plus techniques, confortables mais loin des canons de la Mode ! Qu’importe…!
On apprend également à protéger nos extrémités (tête, pieds, mains) et, surtout, à s’activer !
Est-ce que cela suffit ?
Non…! Quelques pistes en vrac (…et dans le désordre) que j’essaye de suivre…
- Mode oignon | Notre stratégie est d’empiler des couches légères dont on peut aisément se dépouiller selon la température du moment, des vêtements souples. Comme je suis officiellement vieux, j’utilise des t-shirts légers l’été et du thermolactyl en saison froide !
- Privilégier une pièce à vivre | Sans se mettre à roupiller tous dans la même chambre, se souvenir que l’on peut réguler la température des pièces, laisser celles de nuit au minimum et disposer d’une température douce dans la pièce commune5, celle où l’on travaille, cuisine et discute.
- Jouer sur les apports solaires | Ouvrir les rideaux, voire les fenêtres pour capter pendant une heure la chaleur extérieure…
- Ne pas calfeutrer ! | Il est impératif de renouveler l’air intérieur. Une bonne VMC6 reste indispensable, notamment dans les salles de bain !
- Chaussons | Ou grosses chaussettes si le sol est glacé. Pensez à retirer vos chaussures au seuil de votre logement, c’est un acte hygiénique7 indispensable comme se laver les mains en rentrant !
- Réduire sa consommation d’eau chaude | Fractionner sa douche, couper l’eau avant de se savonner puis ensuite se rincer. Quelques litres d’économisés, exactement comme quand on se lave les quenottes…
- Programmer ses machines | Lave-vaisselle, lave-linge comme le ballon d’eau chaude après 22:30 (à condition d’avoir le tarif heures creuses)
- Isoler particulièrement une pièce | C’est une option… à condition de ne pas oublier de ne pas créer une barrière trop étanche et maintenir une ventiler derrière l’isolation (voire avec un professionnel). Certes, ça réduit la surface habitable mais si votre mur extérieur fait pont thermique, ça s’envisage.
- Changer ses fenêtres | Opération indispensable sur des huisseries anciennes en simple vitrage. L’option double (ou triple) vitrage s’amortit en quelques années… Surtout si le prix de l’énergie flambe. Ensuite, l’été, c’est l’inverse, cela permet de ralentir l’entrée de la chaleur. Enfin, c’est également du confort phonique, retrouver un bruit de fond acceptable.
- Redistribuer les pièces à vivre | Il y a la question des pièces non occupées dans de trop grandes maisons. Elles sont la cause de l’augmentation de la facture énergétique. Repenser l’occupation des chambres, condamner l’hiver un étage, réorganiser la distribution des espaces à vivre, changer les usages et les habitudes quitte à briser la jolie déco. Cela sous-entend les radiateurs en mode hors gel dans les pièces inoccupées mais continuer à les ventiler pour éviter l’apparition de moisissure.
- Éclairage ponctuel | En gris, une personne = un point de lumière. J’imagine que vous êtes passés à des lampes basse-consommation, voire LED. À ce propos, conserver une boites de bougies et des allumettes chez soi n’est pas sot…
- Mode de cuisson | redécouvrir la cuisson à basse-température, utiliser le micro-onde pour réchauffer. Voire ne pas réchauffer les plats précédemment cuisinés, les soupes et découvrir de nouvelles saveurs…!
- Optimiser l’usage de la voiture | Ajouter des étapes lors d’une sortie, genre : après une randonnée, passage en moyenne surface aux heures creuses entre 12:30 et 13:30 pour charger les courses lourdes, refaire le plein…
- Effectuer ses courses volumineuses en une fois | Les plus légères avec un simple sac à dos le reste du temps… D’ailleurs, sortir avec un sac à dos s’avère pratique, permet des achats opportunistes et ménage le dos…
- Schunter l’ascenseur…! | Excellent cardio-training que d’oublier systématiquement les escaliers. Aussi bon que marcher pour faire ses courses…
- Refuser les emballages inutiles | Préférer le papier aux barquettes en plastique, refuser les sacs superfétatoires : baladez-vous avec un filet à provision ou un sac à dos (sac dans lequel on peut laisser des sacs en papier que l’on réutilisera au marché).
- Recycler | Les barquettes plastique, ça se recycle pour ranger des fèves, des amandes, noisettes, pâtes. Idem pour les sacs plastiques ou les bocaux. Quant aux sacs papiers, excellent allume-feu…
- Analyser le contenu de sa poubelle | Si vous commencez à y retrouver de la nourriture, c’est que vous ne savez pas accommoder les restes. Pas de souci pour un morceau de pomme blette (…et si vous avez consommé le reste du fruit) mais le restant de purée, les fanes de radis, la salade fatiguée font, ensemble, une très bonne soupe, soupe que vous pouvez conserver au congélateur pour un soir de disette.
- Penser accessibilité | Car, ne l’oubliez-pas, vous allez vieillir…! Soyez pratique, anticipez à soixante ans ; à soixante-dix c’est plus compliqué…! Concentrez tout sur un seul plan, facile d’accès (pas de marches d’escalier), envisagez une douche à l’italienne avec de quoi vous assoir et vous maintenir. J’ai écrit quelques billets ici à ce propos8…
- Déplacement à pied (ou en vélo) | Votre destination est à 30 minutes à pied ? Au lieu de sauter dans votre voiture pour aller plus vite (non…!), vous retrouver dans les bouchons puis tourner pour trouver une place de parking, pensez marche à pied9 ! Le vélo… si vous avez un bon antivol et un plot pour l’arrimer. Sinon, bus. Regardez la carte de votre ville : vous pouvez couper par des venelles, traverses et découvrir plein d’itinéraires bis, tranquilles et rapides…
- Voyage en solo ? Le train même sur longues distances | Pour ma part, osciller entre notre île et le sud se programme différemment selon le nombre de personnes. Je circule en train hormis si nous sommes deux ou trois. Entre le temps de conduite, l’énergie consommée, la halte indispensable (1200 kilomètres nécessite une à deux étapes), c’est économique10 et écologique.
- Achetez local | Mais vérifiez les prix…! Le bio n’est pas forcément moins cher au marché en plein air que dans une boutique dédiée…
- Véhicule | Vu que nous réalisons moins de 5000 km/an — relire urbanbike | Les éoliennes sont-elles moches ?, l’idée d’un changement de carrosse est reporté aux calendes grecques… La location occasionnelle est envisagée si besoin…
- Vélo électrique | Mon voisin en loue d’efficace si j’en ai besoin (surtout avec un vent de face avec de bonnes rafales)…
- Fringues : usez-les | Raccommodez ou donnez au Relais. Idem pour les chaussures, faites réparer11…
- Etc.
J’ai assurément oublié des tas de trucs, j’y reviendrais si besoin…
Ce qui précède est une série de réflexions, que la situation actuelle s’arrange (ou pas)…!
Anticipons…
-
Deux liens de… 2014 : urbanbike | Vivre avec des températures réduites…?, urbanbike | Vivre avec des températures réduites…? | 2. Et un dernier billet de 2020 : urbanbike | Vivre avec des températures réduites…? | 3 ↩ ↩
-
Mais également les conséquences de l’opération spéciale (sic…) en Ukraine… ↩
-
Dans des conditionnements en plastique très souvent. ↩
-
Ventilez régulièrement — plusieurs fois par jour — au lieu de calfeutrer ! ↩
-
Bon, sur notre île, quand le vent d’Est souffle, une bonne flambée (à base de buches reconstituées à partir de déchets de scierie) chasse l’humidité et rehausse la température… Rappel, un poêle nécessite un apport d’air frais extérieur qui peut d’ailleurs être directement raccordé à ce dernier. ↩
-
Ventilation Mécanique Controlée… ↩
-
À lire : Savez-vous ce que vous ramenez chez vous avec vos chaussures ? (Déchaussez-vous avant d’entrer…) ↩
-
lire urbanbike | La maison sur mesure | Accessibilité des bâtiments aux personnes handicapées ou urbanbike | L’accessibilité en pratique (c’est de 2008 mais toujours d’actualité). ↩
-
Investissez dans de bonnes chaussures de marche, un sac à dos et hop ! ↩
-
Combo… taxi (ou stop), ferry, bus, tgv, marche entre les deux gares parisiennes, (re)tgv, bus et marche (ou bus si je n’arrive pas trop tard). Bref, près de 14 heures de voyage. ↩