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Est-ce que l’abus de web nuit à l’esprit critique…?

Deux ouvrages qui se répondent et se complètent… Un troisième en mode polar… À lire…!

dans groummphh | lire
par Jean-Christophe Courte

J'ai reçu le livre de Francis Pisani (…j'imagine que vous connaissez le blog transnets.com…?) et Dominique Piotet, Comment le web change le monde, un ouvrage dense sous-titré l'alchimie des multitudes… Et quelques jours plus tard, télescopage avec un autre livre, Les dix plaies d'internet de Dominique Maniez, ouvrage sous-titré les dangers d'un outil fabuleux

Bref deux regards sur un même monde, l'internet que nous utilisons quotidiennement.

J'avoue que la vision idyllique du net me gonfle un peu, beaucoup, passionnément… J'ai eu du mal à finir Wikinomics et sa vision lénifiante d'un monde qui pourrait devenir meilleur grâce à internet. Contrairement à ce que je pensais, je n'ai pas redémarré la lecture de cet ouvrage qui m'est à nouveau tombé des mains. J'ai eu peur que l'approche Pisani-Piotet soit de la même eau… Que nenni.

D'abord Comment le web change le monde est très bien écrit (…ce n'est pas une traduction, précisons-le) et fourmille de tas de références dont je n'avais pas connaissance (chacun son boulot…!). Même si cet ouvrage est très enthousiaste vis-à-vis de ce qui est en train d'apparaître, de se créer sous nos yeux, il n'en reste pas moins critique même s'il liste avec gourmandise nombre des possibilités qui nous seront peut être ouvertes… En résumé, ce premier ouvrage est assez Web 2.0 — mais a l'honnêteté, soulignons-le, d'évoquer avec élégance même ses détracteurs — et reste très confiant sur le monde à venir.

C'est là où la lecture des dix plaies d'internet — qui aurait gagné à être titré "L'abus du web nuit à l'esprit critique" (je ne parle pas de la couverture…) — apporte une joyeuse pagaille dans le concert d'auto congratulations ambiant…

Bref, Dominique Maniez va se faire des tas d'inimitiés mais manifestement, il s'en moque et dit tout haut ce que nous pouvons déceler dans les discours angéliques çi et là… Notamment à propos des auteurs et du droit d'auteur.
Un exemple…? J'aime ces formules viriles et définitives qui ferment toute discussion…
Faites nous confiance. Nous savons ce que nous faisons. Si vous vous y opposez, c'est que vous n'avez rien compris.

Ben voyons…!
Cet article du Point de novembre 2005 est d'ailleurs à lire dans son intégralité…

D'ailleurs, en ce moment, c'est fou comme des tas de gens n'ont que notre bien en vue… Même contre nos propres idées ou opinions…

Maniez pose tout haut une série de questions qui méritent notre attention — et bien plus…! — et qui rejoignent en filigrane certaines des réflexions du tandem Pisani Piotet mais exprimées sous une forme plus… directe. En même temps, j'aime bien ce côté mise à plat des idées reçues, acceptées comme vraies (notamment celle sur les petits djeuns plus à l'aise que les vieux…!)…

Une galéjade pour finir : Alors, Monsanto et Google, même combat…?!
En même temps, c'est grâce au net que je vis quotidiennement et professionnellement, en utilisant Google comme d'autres sites. Je ne suis pas dans l'hostilité, juste méfiant, genre c'est trop beau, qu'est ce que cela cache

Bref, deux bouquins qui se répondent et dont la lecture croisée est enrichissante. Difficile en tous cas d'avoir une avis tranché tant on est partagé entre les promesses de lendemains numériques qui chantent avec force interactions collaboratives et l'usage fait de nos traces laissées à chacune de nos pérégrinations sur la toile. Si vous avez envie de creuser un peu le sujet, pas inutile de se vous offrir, histoire d'aiguiser votre esprit critique…


Comment le web change le monde
Francis Pisani et Dominique Piotet
Pearson
9782744062612 | 22 €




Les dix plaies d'internet
Dominique Maniez
Dunod
9782100515868 | 19 €



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Photo prise dans la chambre de ma fille, l'une des plus concernées…



À propos de fichage, de puce implantée dans le corps de chaque citoyen, histoire de combattre le terrorisme, j'ai démarré un polar de 442 pages publié chez First, Le maître des noms de Josef Ladik (…référence à Philip K. Dick…? De qui je lis également ce roman retrouvé, Les voix de l'asphalte… 480 pages, j'y reviendrais…).

Pour le moment je ne l'ai pas terminé mais je trouvais astucieux de l'ajouter dans ce billet en regard des deux précédents ouvrages.

L'histoire est assez curieuse, un jeu dont les règles compliquées sont inscrites dans un carnet aux notes manuscrites, l'un des rares moyens d'éviter que les propos rédigés soient décryptés par les services de sécurité de l'état… Une personne trouve ce carnet, sa vie bascule, elle suit peu à peu les instructions de ce jeu mortel… Je n'en dis pas plus… car je suis loin d'avoir terminé…!

Plus intéressant à mes yeux la vision brossée dès les premières pages de notre monde de demain. J'y retrouve des échos de mes propres interrogations (machines à voter électronique qui permet au président d'être réélu sans souci depuis trente ans dans ce livre, relire le dossier de François Nonnenmacher pour s'en soucier…), les caméras tous azimuts déployées comme le contrôle permanent des individus et de leurs trajets comme à Singapour… Le tout justifié par la sécurité du pays, sous la menace, bien pratique, d'une potentielle attaque terroriste ? Sans oublier les étranges alliances avec la Compagnie, entreprise fournisseur des produits informatiques… Et comme le précise l'auteur… Ce livre est un ouvrage de fiction. Tous les noms, personnages et événements qui y sont décrits sont les produits de l'imagination de l'auteur, ou sont utilisés dans un cadre fictif et ne doivent pas être considérés comme réels…

Sauf que l'auteur est juge d'instruction dans la "vraie vie" et expert en cybercriminalité…

Je vous fais grâce de l'énigme (comme pour un film, on est jamais aussi bien servi que sa propre lecture d'un livre…) mais il est vrai que j'ai pensé rapidement à Dick face à certains thèmes récurrents (pas de réelle comparaison en terme de style mais bien des proximités, des connexions sur les moyens que les puissants de ce monde peuvent mettre en œuvre pour contrôler — pour notre bien — nos agissements).
Et hop, retour au début de ce billet et à cette citation remarquable que l'on pourrait associer à l'un des personnages de Josef Ladik.
Faites nous confiance. Nous savons ce que nous faisons. Si vous vous y opposez, c'est que vous n'avez rien compris.

Ben voyons…!

Le maître des noms
Josef Ladik
First éditions
9782754006903 | 19,90 €



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J'en profite pour signaler le dernier numéro de La Recherche et son long dossier sur les nouveaux défis de la cryptologie (qui n'est pas, comme certains peuvent le penser, la réalisation d'un lieu de prière dans le sous-sol de sa maison…!), article en relation avec les trois ouvrages évoqués…

NB : depuis, j'ai terminé le Maître des mots et c'est assez noir tout en étant assez cynique. Ironique même quand on lit les dernières lignes qui m'ont remis en mémoire (hi, hi…!) un vieux billet sur urbanbike… Bon, cet ouvrage n'échappe pas à la loi du genre (et tant mieux…!) pour les stéréotypes mais ce qui est captivant dans ce livre reste l'usage fort possible de la technologie pour mieux contrôler les masses (nous…!). C'est l'une des raisons pour lesquelles je vous recommande la lecture de ce thriller. Lisez notre futur entre les lignes du récit…

Mais ce n'est que de la SF…! rétorquerons certains lecteurs…
Comme cela, c'est de la science-fiction…? Cela démarre par un bracelet électronique ou un GPS, puis, à force de miniaturiser, tiens, si on le rendait invisible…? Or comme trop souvent la réalité dépasse la fiction, tous les espoirs d'un monde encore plus catastrophique nous sont permis. À lire au second degré. Brrrrr…

Note du 9 juin, un mini-site à propos de ce dernier livre est consultable, maitredesnoms.free.fr
À suivre…!
Note(s) de lecteur(s)…

Dominique nous informe que la réalité risque bien de dépasser la fiction

Ou encore cette info sur le site de Laurent… Et comme le dit François en commentaire, bienvenue à Gattaca… Brrrrr…

11 juin, cette info sur le bracelet électronique…

20 juin, cette loi sur l'espionnage électronique légal en Suède

25 juin, cette gaffe qui nous rappelle des événements passés…

le 06/06/2008 à 08:50 | .(JavaScript must be enabled to view this email address) à Jean-Christophe Courte | #